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L’intérêt du pôle « Gouvernance et Genre » au sein du Programme Thématique de recherche Gouvernance et Développement du CAMES est de montrer les enjeux de la gouvernance avec une perspective genre, en mettant l’accent sur des études qui décrivent la subordination des femmes, le défi des structures de pouvoir et les résistances qu’elles rencontrent, la nécessité de transformer les institutions sociales, les lois, les normes culturelles et les pratiques communautaires discriminatoires. Il n’est pas forcément admis que l’atteinte de l’égalité entre les sexes dans tous les domaines en soit l’objectif. Il s’agit plutôt de l’égalité des droits, car lorsqu’on parle de l’égalité des droits, des responsabilités et des chances pour les femmes et les hommes, les filles et les garçons, cela ne signifie pas que les femmes et les hommes doivent devenir identiques, mais que leurs droits, leurs responsabilités et opportunités doivent être établis en fonction de leurs capacités, sans discrimination de genre.
Les perspectives envisagées pour ce pôle nécessitent de définir ces deux thèmes de la manière suivante : De l’anglais « Governance », le terme « gouvernance » a fait l’objet de plusieurs interprétations. Selon le PNUD (1997, in Baden, 2000) elle peut être définie comme l’exercice de l’autorité économique, politique et administrative dans le but de gérer les affaires d’un pays à tous les niveaux. Elle comprend les mécanismes, les processus et les institutions par lesquels les citoyens et les groupes expriment leurs intérêts, exercent leurs droits légaux, remplissent leurs obligations et trouvent des compromis. Le terme « genre », quant à lui, est généralement utilisé à mauvais escient comme un substitut plus moderne du terme « sexe ». On le désigne souvent comme le « sexe social », c’est-à-dire une construction, tout ce que la culture et la société ont arbitrairement plaqué sur le sexe biologique. Ainsi lorsqu’on parle de genre dans ce cas, on se réfère à la division des tâches, selon laquelle les tâches domestiques (liées à la sphère privée) sont plutôt l’affaire des femmes et le travail à l’extérieur (sphère publique) est plutôt l’affaire des hommes. Mais une deuxième définition plus élaborée et désormais dominante désigne le genre non pas comme une sorte de double social du sexe mais comme le rapport social entre les femmes et les hommes. En ce sens, ce qui différencie le genre du sexe n’est pas forcément l’opposition entre ce qui serait construit et ce qui serait naturel, mais également le fait que le genre est constitué par une relation entre deux groupes n’ayant pas le même pouvoir (M. Chaponnière et S. R. Lempen, 2012, 22).
La gouvernance est censée être neutre en matière de genre. La réalité souvent est tout autre. En effet, dans la mesure où elle se réfère généralement à la prise de décision, les discours, les procédures, les structures et les fonctions de la gouvernance demeurent lourdement orientés en faveur des hommes en général. Pourtant, il devrait être adopté une gouvernance sensible au genre pour intéresser les hommes et les femmes dans la gestion des affaires publiques. Il est vrai qu’aujourd’hui avec les politiques de l’égalité des sexes et la parité mis en place par la plupart des États africains, l’accent est mis de plus en plus sur la présence des femmes dans les instances décisionnelles. Il est à remarquer aussi que l’adoption de politique genre par les États favorise l’opérationnalisation de l’approche sexospécifique qui permet la prise en compte des besoins des femmes. Nombre d’études ont évoqué la présence des femmes dans les institutions décisionnelles de la sphère publique (gouvernement, parlement, organisation, association, etc.) mais leur présence dans les domaines économiques, socio-culturels n’est plus à démontrer.
L’objectif majeur de ce Pôle « Gouvernance et Genre » est donc d’engager des études pluridisciplinaires liées aux questions du genre dans le processus de la gouvernance. En dehors d’être un cadre de réflexion et d’échange entre les différents chercheurs, il s’agira de façon plus spécifique, de contribuer aux débats scientifiques en montrant comment les règles qui structurent les interrelations entre les acteurs de la société sont au cœur des inégalités et des différences. Il serait aussi intéressant de s’interroger sur la place des Africaines dans un féminisme noir mondial. Par ailleurs, l’occidentalisation du monde, cachée derrière le concept de mondialisation nécessite une réflexion critique sur des questions aussi sensibles que le postgenrisme, la gestation pour autrui, les mouvements LGBT, les IVG, etc.
Les thèmes de recherches tourneront autour de ces six axes non exhaustifs
Dr (MC) LASSEY AGNELE
Université de Lomé (Togo)