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Programme Thématique de Recherche Gouvernance et Développement du Cames

En réponse à l’appel du FONSTI, nous avons présenté un « projet pour le renforcement de la résilience organisationnelle des entreprises ivoiriennes ». Ce projet a obtenu un financement de dix-huit millions douze mille cinq-cents (18 012 500 FCFA). L’idée de ce projet part du constat que la Côte d’Ivoire a été confrontée à une longue crise sociopolitique marquée par une crise post-électorale sans précédent (en 2011). Elle subit, comme le monde entier, une décennie plus tard, la pandémie de la Covid-19. Ces crises successives impactent durablement les entreprises ivoiriennes jusqu’à la contrainte de fermeture. En la matière, la résilience organisationnelle est une approche reconnue pour renforcer la capacité des entreprises à faire face aux crises et aux perturbations issues de leur environnement. Bien que les entreprises ivoiriennes soient suspectées de pratiques de résilience organisationnelles, celles-ci sont faiblement documentées et la thématique n’est pas promue. Le présent projet de recherche vise à contribuer à une meilleure compréhension des pratiques de résilience organisationnelle des entreprises ivoiriennes.

Pour ce faire, il s’agira d’identifier les besoins de formation en termes de gestion des situations de crise et les attentes des entreprises ivoiriennes en la matière ; de modéliser les pratiques les plus significatives des entreprises ivoiriennes en vue de leur réplication ; et de concevoir un portail internet de ressources de renforcement de capacités institutionnelles pour la résilience organisationnelle. Il s’agit d’une recherche exploratoire qui contribuera à enrichir la taxonomie sur la question par la caractérisation des spécificités ivoiriennes, voire africaines de la thématique, et à la production de recommandation pour les universités, les politiques et les entreprises. La recherche est assortie d’un début d’action par la conception d’un portail internet de ressources de renforcement de capacités institutionnelles pour la promotion de la résilience organisationnelle.

En réponse à un appel du CODESRIA relatif au renforcement des Écoles doctorales en sciences humaines et sociales, le PTR Gouvernance et Développement a décidé de soumettre un projet intitulé « Atelier de formation des doctorants et jeunes docteurs en sciences sociales et humaines à l’écriture, la communication et la publication scientifiques ». Á cet effet, notre PTR a bien voulu associer cinq institutions de l’enseignement supérieur, à savoir : l’UAO, l’UJLoG, l’UPGC, UAC et l’ENS de Libréville. Ce projet a obtenu l’avis favorable du jury et a été financé à hauteur de huit mille (8000$ US) soit quatre millions huit cent soixante-huit mille quarante-huit  (4 868 048) FCFA.

Cette activité part du constat que la publication scientifique répond à la nécessité de faire reconnaître, par ses pairs, la validité et l’intérêt de sa démarche et des résultats de sa recherche, qu’il faut communiquer au monde scientifique, et donc d’apporter sa contribution à la compréhension de l’univers et, enfin, de formaliser ses résultats pour qu’ils puissent être compris et repris par d’autres. C’est dire que les jeunes chercheurs ont besoin de formation en la matière.

L’écriture d’articles scientifiques se présente comme un art qu’il convient d’apprivoiser et de pratiquer pour bien le maîtriser. Cette capacité à présenter de façon claire et logique un argumentaire est d’ailleurs une compétence qui sera utile aux étudiants qui s’orientent vers une carrière universitaire ou d’intervention ainsi qu’aux jeunes chercheurs. Si l’intérêt de produire un article n’est plus à démontrer pour le jeune chercheur, la maîtrise de cet exercice demeure encore insuffisante. En effet, plusieurs compétences sont à mobiliser pour la réussite de cet exercice, entre autres, la formulation du sujet, la recherche (documentaire ou numérique), la sélection des références bibliographiques, la formulation des questions de recherche, la consignation par écrit des idées, la structuration du plan de rédaction et du texte, etc. La rédaction d’un article scientifique doit respecter des normes rigides qui servent de garde-fous et permettent d’orienter l’auteur pour la production d’un texte clair.

Les jeunes chercheurs et doctorants ont donc tout intérêt à mieux connaître la rhétorique à l’œuvre dans ce genre spécifique s’ils veulent s’intégrer dans ce qu’on peut appeler la « communauté du discours » scientifique. Ce discours implique la maîtrise à la fois de l’oralité (communication orale lors des colloques et des soutenances) et de l’écriture. Malheureusement, la formation à la rédaction scientifique et à la communication orale est rare dans le cursus de formation des futurs chercheurs.

Former les doctorants et les jeunes chercheurs aux normes et exigences de la rédaction et de la communication  scientifiques apparaît donc comme une nécessité pour améliorer d’abord la qualité des articles proposés dans les journaux et revues scientifiques, de leur donner toutes les ficelles leur permettant de comprendre ce fonctionnement, en décryptant pas à pas les différentes étapes de la rédaction d’un article scientifique de manière à les amener à en saisir les enjeux et à percevoir les utilisations potentielles dont pourra faire l’objet l’article une fois publiée. Ensuite, ils disposeront ainsi de compétences nécessaires pour une participation efficiente à des colloques et congrès.

En réponse à l’appel du CAMES relatif au Prix Macky Sall 2022, le PTRC GD, en collaboration avec les PTRC Innovation Technologie et Transformation (ITT), Technologie de l’Information et de la Communication (TIC), Mines, Pétrole, Eau et Sol (MPES), Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN) et en qualité de porteur principal, a présenté un projet dénommé « MIRACE », c’est-à-dire Modèles inclusifs et résilients d’atténuation des chocs exogènes (MIRACE) – cas de la diversification des économies du CAMES. Ce projet a obtenu le deuxième grand prix avec un montant de vingt-cinq millions (25000000). L’équipe projet prépare sa réalisation en attendant la mise à disposition des fonds.

Ce projet part du constat que la littérature n’est pas suffisamment fournie sur les pratiques d’atténuation des chocs exogènes des économies des pays du CAMES. Cependant, la récente crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine nous enseignent que ces économies ont des pratiques de résilience sur lesquelles il y a lieu de produire de la connaissance pour mieux comprendre les trajectoires qu’elles suivent, sachant qu’elles sont constituées d’un secteur informel prépondérant. Ceci sous le prisme de la diversification économique, reconnue comme un facteur d’atténuation des chocs exogènes et encouragée par les institutions internationales.

C’est pourquoi le projet vise à : i) comprendre les facteurs de diversification économique qui ont permis d’absorber les chocs en lien avec la crise de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ; ii) proposer un outil intelligent, descriptif et prédictif permettant d’identifier les facteurs cruciaux de la diversification économique et les leviers d’actions prioritaires pour la renforcer ; iii) mettre en place un référentiel de compétences à destination des Institutions d’Enseignement Supérieur (IES) pour soutenir la formation d’un capital humain à même de porter le processus de diversification des économies.

Pour y arriver, nous utilisons une approche de data driven (abductive) à travers une approche méthodologique mixte (recherche documentaire, enquête qualitative et quantitative) en lien avec les composantes du projet. Il s’agira d’études de cas ; de modélisation et de simulation et d’expérimentation de dispositifs théoriques sur un échantillon de 5 pays, choisis dans les deux zones économiques (CEMAC et UEMOA), suivant des critères portant sur le PIB, la proportion des ressources naturelles dans le PIB, l’existence ou non de littoral. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Cameroun, du Gabon et du Niger.

Les principaux résultats attendus sont : i) les trajectoires dominantes de diversification économique des économies des pays du CAMES sont connues ; ii) les facteurs/déterminants d’une diversification prenant en compte le secteur informel sont identifiés ; iii) un calculateur de diversification économique et d’aide à la décision est développé et testé ; iv) l’état des lieux de la diversification économique de cinq (5) pays est disponible ; v) les pratiques de génération de nouvelles compétences par les universités pour diversifier l’économie sont recensées ; vi) les déterminants de la mise en place d’un laboratoire de développement endogène pour la formalisation de l’informel sont identifiés ; vii) les conditions d’extension du projet aux pays non bénéficiaires de cette première étape sont connues.

In fine, ce projet s’inscrit dans une approche globale d’observation pour savoir, à partir des réalités de nos économies. Cette démarche globale est celle par laquelle le PTR souhaite inciter une dynamique de recherche pour mettre à la disposition des décideurs politiques des outils susceptibles d’améliorer notre modèle socio-économique.

En réponse à l’appel du FONSTI lancé en direction des femmes chercheures, le PTRC GD a présenté trois groupes de chercheures. Le Projet sur la « Résilience des rizicultrices dans un contexte de changement climatique dans les régions du Guemon, Tchologo et Poro : Pratiques et stratégies d’accroissement de la production » est présenté en collaboration avec des organisations agricoles féminines, des institutions publiques ivoiriennes en charge de la filière riz, le Conseil régional du Guemon et une institution régionale, AfricaRice. Ce projet attend le résultat de la première phase d’évaluation.

Ce projet intitulé « Résilience des rizicultrices dans un contexte de changement climatique dans les régions du Guemon, Poro et Tchologo : Pratiques et stratégies d’accroissement de la production » est un projet de recherche appliquée qui vise particulièrement les femmes qui s’investissent dans la production de riz dans les trois régions ciblées. Il s’agira ici de comprendre les pratiques et les conditions de production des femmes, de renforcer leurs capacités et de catalyser la mise en place des conditions requises pour une adoption, à grande échelle, des technologies climato-intelligentes et des services d’information climatique. Á terme, la mise en œuvre du projet accroîtra le rendement, le revenu, la situation alimentaire et nutritionnelle d’au moins 1,500 femmes malgré les variabilités et changements climatiques et réduira la dégradation des sols sur au moins 50 ha. Des activités de recherche pour le développement seront menées par l’équipe pluridisciplinaire du projet à travers ses composantes, le cadre juridique et politique, les perceptions des rizicultrices, les stratégies de communications, les démonstrations des technologies en milieu paysan et le renforcement de capacités des acteurs de la chaîne de valeurs. In fine, ce projet, envisage contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle par le renforcement des capacités et la mise à échelle des technologies climato-intelligentes et les services d’information climatique dans la chaîne de valeur à base de riz en Côte d’Ivoire.

Le deuxième groupe de femmes du PTRC GD a présenté un projet intitulé « Modélisation des parcours de vie et inclusion sociale : les femmes ivoiriennes au-delà des préjugés de genre » (MOPARI). Face à la montée des discriminations de genre, les jeunes générations de femmes à la quête de l’affirmation de soi dans la société ivoirienne peinent à consolider leurs trajectoires de vie. Malgré les nombreuses avancées politiques et juridiques en faveur de l’inclusion sociale, de l’égalité entre les hommes et les femmes, il reste aisé de constater que le parcours des femmes dans certains métiers et professions et plus généralement dans la société demeure complexe. Pourtant, on note des parcours de vie et des trajectoires professionnels remarquables, de certaines femmes, ainsi que leur présence dans certains secteurs importants de la vie socio-économique (enseignement, agriculture, commerce, ou encore politique) et même au sein des professions fortement masculinisées.

Dans ce contexte, le présent projet vise à comprendre les déterminants du parcours de vie des femmes inspirantes en Côte d’Ivoire sous le prisme du genre et de l’inclusion sociale. Il s’agit de révéler les trajectoires de vie des femmes inspirantes de la Côte d’Ivoire. Pour ce faire, nous recueillerons des données longitudinales et transversales par une approche rétrospective que nous relierons dans une perspective multidirectionnelle avec l’analyse des parcours.

Les résultats de cette recherche conduiront à la conception d’un outil d’aide à la décision, basé sur un modèle d’intelligence artificielle, pour prédire les déterminants de trajectoire professionnel pour les jeunes femmes ivoiriennes.

Le troisième groupe de femmes  du PTRC GD a présenté le projet sur le « renforcement structurel et fonctionnel  des organisations professionnelles agricoles informelles des femmes de la région de gbêkê en Cte d’Ivoire » en réponse à l’appel du FONSTI.

Le projet vise à renforcer la structure et le fonctionnement des organisations  professionnelles agricoles (OPA) féminines et informelles pour accroître leur production et faciliter leur accès aux services financiers, assurantiels et sociaux. Il donnera lieu à des formations avec l’appui  des accompagnateurs du secteur informel que nous formerons aussi pour nous venir en appui et pour généraliser la méthodologie. Un curriculum de formation en Master sera proposé à cet effet.

La population cible sera essentiellement celle des groupes professionnels agricoles informels gérés par des femmes, intervenant dans le monde agricole de la région de Gbêkê en Côte d’Ivoire. Il s’agira d’abord d’identifier leurs limites en termes de structuration et de fonctionnement, ensuite de rechercher les causes de ces limites et à partir de ce diagnostic, de mettre en place un protocole visant à régler ces problèmes structurels et fonctionnels afin de les rendre plus efficients. L’analyse des trajectoires féminines ayant réussi dans ce secteur contribuera à produire un référentiel de formation pour l’ensemble des OPA.

En réponse à l’appel du Centre régional EGAP Afrique de l’Ouest portant sur le thème de « Démocratie, Conflits et polarisation »,  à l’endroit des jeunes chercheurs, le PTR a monté Cinq (5) équipes de jeunes chercheurs dont trois (3) en Côte d’Ivoire, une (1) au Togo et une (1) au Cameroun pour répondre à cet appel en présentant différents projets. Nos équipes ont travaillé  ensemble sous la coordination du Coordonnateur du PTR.

Le premier projet a porté sur « L’impact des Réseaux Sociaux sur le niveau de la démocratie en Côte d’Ivoire de 2010 à nos jours ».  Notre équipe considère la démocratie comme une donne à actualiser suivant l’évolution des technologies et le renouvellement des habitudes des peuples. C’est pour cette raison que ce projet : « L’impact des Réseaux Sociaux sur le niveau de la démocratie en Côte d’Ivoire de 2010 à nos jours » vise à mesurer l’implication et l’influence des réseaux sociaux dans le cadre de la promotion des valeurs démocratiques en Côte d’Ivoire. Circonscrit de 2010 à nos jours, il est révélateur de l’avènement des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire mais surtout de ce que la démocratie ivoirienne tangue. C’est en considérant les réseaux sociaux comme un nouvel espace d’expression démocratique que ce projet trouve son sens. Ainsi, l’objectif principal de ce projet est d’évaluer l’impact des   réseaux sociaux sur le niveau de la démocratie en Côte d’Ivoire. L’enjeu étant de contribuer au renforcement des valeurs démocratiques ivoiriennes.

En réponse à l’appel CERAP/EGAP, notre deuxième équipe a présenté le projet sur « les nouveaux majeurs dans le jeu démocratique ivoirien : cas du district d’Abidjan. ». L’idée de ce projet est qu’en Afrique subsaharienne et particulièrement en Côte d’Ivoire, de nombreux jeunes sont impliqués dans des faits de violence lors des élections. Parmi ces jeunes, les nouveaux majeurs sont « courtisés » par les partis politiques en quête de militants et de voix électorales. Mais une question se pose : le statut des nouveaux majeurs leur permet-il  de jouer pleinement leur rôle dans un espace politique aussi complexe que celui de la Côte d’Ivoire ? Cette étude s’appuie sur une méthodologie mixte, notamment une littérature grise ainsi que des enquêtes de terrain. Trois résultats sont attendus de cette étude :  La configuration des nouveaux majeurs en Côte d’Ivoire sera décrite ; la pression influençant le choix politique des nouveaux majeurs est analysée; 150 nouveaux majeurs sont formés à la culture démocratique et aptes à répondre aux sollicitations des partis politiques.

Le troisième projet présenté par le PTRC GD en réponse à l’appel CERAP/EGAP est intitulé « Étude sur l’éducation démocratique des acteurs politiques en côte d’ivoire ». En interrogeant les facteurs de la violence politique en Côte d’Ivoire, il vise à renforcer la culture démocratique et citoyenne des acteurs politiques afin de contribuer à l’éradication de ce fléau. L’hypothèse-thèse inductive ici étant que l’inculture politique et le manque d’éducation démocratique des acteurs politiques est un facteur majeur de la violence politique et un frein à l’avènement de la démocratie véritable en Côte d’Ivoire. L’enjeu de ce projet est, à partir d’une méthode mixte (recherche documentaire et d’enquête quantitative) de contribuer à la cohésion sociale et à une paix durable dans l’espace politique. Cela passe par une appropriation, par les acteurs politiques, des valeurs démocratiques et citoyennes.

Le projet porté par notre équipe du TOGO porte sur « La cohésion sociale à l’épreuve des élections au Togo ». En principe, le vote a une fonction d’intégration sociale. Il constitue une soupape de sécurité dans le système démocratique. En donnant la possibilité de choix aux citoyens, il leur offre la voix du règlement pacifique des divergences sociopolitiques. D’ailleurs, les élections ponctuent tout système démocratique comme un régulateur social et un revitalisant des institutions politiques. Si les pays d’Afrique subsaharienne et le Togo en particulier ont adopté ce mode de régulation politique, faut-il pour autant dire qu’il contribue à la cohésion sociale ? L’idée de ce projet est de montrer que les élections sont de véritables tremplins de polarisations identitaires occasionnant des conflits violents qui remettent en cause le vivre ensemble dans les communautés au Togo.

L’équipe du Cameroun a présenté un projet sur la « Jeunesse estudiantine et sécurisation du vote au Cameroun ». Partant du fait que les dernières élections présidentielles au Cameroun ont suscité une vague de mouvements des manifestations, décriant ainsi de multiples irrégularités dans le processus électoral, ce projet vise à interroger la place des jeunes et plus particulièrement de la jeunesse estudiantine dans la sécurisation des élections au Cameroun. Si dans les années 1993, la jeunesse estudiantine camerounaise était très engagée sur les questions politiques, force est de constater une nette baisse de cet engouement aujourd’hui. Pourtant, au regard de leur niveau d’instruction, de leur nombre de plus en plus important, l’implication de jeunes étudiants dans le processus électoral pourrait participer à la crédibilisation et à la sécurisation du jeu démocratique. L’enjeu de ce projet est d’étudier les modalités du retour/implication de la jeunesse estudiantine dans le jeu démocratique pour une sécurisation des élections au Cameroun.

Résumé exécutif

Contexte et justification

Suite à la crise militaro-politique de septembre 2002, le Conseil de sécurité décide de créer l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) dans le but d’aider le pays à sortir de cette crise (Akindès, 2011). Après plus d’une décennie d’assistance, le retrait de cette mission onusienne, sonne comme une prise de responsabilités en termes de gouvernance militaire, politique, économique et sociale pour la ville de Bouaké et sa population. A ce titre, le projet FAPECI-UAO soulève un certain nombre de questions dans un double contexte de gestion post-crise et d’autonomie post-humanitaire avec tout ce que cela implique comme défis dans cette ville, symbole de la rébellion qui veut s’inscrire dans la marche de l’Etat de droit.  Afin de répondre à l’ensemble de ces préoccupations, le projet FAPECI-UAO a initié cette étude en vue, de disposer d’une base de données exploitable qui renseigne sur les principaux défis et stratégies suite au retrait de la Mission de l’ONUCI, après plus d’une décennie d’assistance, dans le contexte social particulier de la ville de Bouaké.

Méthodologie
La méthodologie utilisée a combiné les approches qualitative et quantitative sur le principe d’une démarche interactive. Cette façon de procéder a permis de rencontrer les différentes personnes ressources (responsables d’ONG, autorités administratives, militaires et politiques de la ville de Bouaké), susceptibles de nous donner des informations sur la mission onusienne. Dans cette double perspective méthodologique, un ensemble de techniques d’enquête ont été utilisées comme support essentiel dans le recueil des informations. Il s’agit de la recherche documentaire faite pour mieux comprendre le sujet avant d’utiliser les outils de collecte des données, des questionnaires, des techniques d’observation et enfin des entretiens individuels et/ou de groupe (focus group). Au regard des outils mobilisés, nous avons eu à traiter deux types de données. Il s’agit des données quantitatives issues de l’administration des questionnaires et des données qualitatives provenant de l’exploitation des entretiens semi directifs. Le premier type de données, a été traité au moyen deux logiciels notamment SPSS en vue de sortir des statistiques essentiellement descriptives et Stata pour l’analyse d’impact. Le deuxième type de données a été traité grâce à une base de données Excel pour codifier les extraits d’entrevus préalablement retranscrits. Cette opération de codage consistait à explorer chaque entretien pour y repérer des nœuds de sens ou segments des propos des enquêtés. Les résultats du codage de chaque entretien pris individuellement ont été mis en commun, à partir d’une analyse transversale que permet le logiciel. Ces extraits ont été utilisés tout le long de ce rapport pour rendre compte et illustrer certains points de notre analyse.

Résultats
1- Caractéristiques sociodémographiques de la population enquêtée

Le sexe, l’âge, le niveau d’instruction, la religion, la nationalité, le statut matrimonial et la taille du ménage ont été pris en compte comme caractéristiques sociodémographiques, dans le cadre de cette étude. Ainsi, sur l’ensemble des individus enquêtés, 162 individus (80,60%) sont de sexe masculin et 39 individus (soit 19,40%) sont de sexe féminin. Pour ce qui est de l’âge, l enquêtés sont pour la plupart âgés de 35 à 59 ans. De plus, l’essentiel de l’échantillon enquêté est constitué d’individus ayant fréquenté l’école conventionnelle, pour la plupart de religion musulmane et de nationalité ivoirienne. Enfin, pour ce qui est du statut matrimonial et de la taille du ménage, l’étude a montré que les enquêtés sont pour la plupart mariés avec en moyenne 07 personnes par ménage.

2- Collaboration avec l’ONUCI et défis prioritaires de la population enquêtée 

L’enquête montre à travers ses résultats, que la population de Bouaké a eu à collaborer avec l’ONUCI à travers des relations professionnelles ou non professionnelles, assidues ou épisodiques. Ainsi, quatre (04) niveaux d’intensité ont été retenus à savoir, relations régulières ;  relations irrégulières ; relations rares ; et enfin, pas de relations. De plus, cinq (5) principaux défis ou problèmes des populations à l’origine de la collaboration avec l’ONUCI ont été répertoriés et présentés par ordre de priorité. Ainsi, 55,22% des enquêtés affirment avoir comme défi prioritaire la santé, 17,41% des enquêtés considèrent la nourriture comme défi prioritaire, 15,92% des enquêtés l’activité, 09,95% des enquêtés l’éducation et enfin 01,49% de la population enquêtée affirment avoir comme priorité le défi psychologique.

Il ressort que le retrait de l’ONUCI a impacté les populations de la ville de Bouaké sur le plan socioéconomique, sanitaire et psychologique. Cet impact se perçoit dans une plus grande mesure chez les hommes ; soit un impact positif de 32,50%.

Suite au départ de l’ONUCI, des stratégies ont été mises en œuvre à plusieurs échelles, pour faire face aux nombreux défis liés à cette situation.

4-recommandations

Au terme de cette étude, plusieurs recommandations ont étés formulées :

  • L’Etat doit relancer les différents programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion pour les ex-combattants car à Bouaké et même dans les zones ex-CNO, il est évident que des armes à feu circulent en dehors du réseau officiel. C’est le cas à Bouaké lorsqu’une frange de la population s’est prise aux installations de la CIE en 2018.
  • L’Etat doit renforcer les actions des autorités locales à l’échelle de la ville de Bouaké
  • Le ministère de la construction du logement et l’urbanisme doit intensifier ses programmes dans la ville de Bouaké
  • Les différentes mutineries soulignent la nécessité d’intensifier les efforts pour professionnaliser les forces de sécurité
  • Intensifier la lutte contre les violations des droits humains dans la ville de Bouaké, notamment grâce à des activités d’alerte rapide et de surveillance. A cet effet, des comités d’alerte précoce peuvent être mis en place.
  • Il est urgent que le gouvernement avec l’accompagnement de ses partenaires onusiens améliorent la situation du personnel civil de l’ONUCI après leur départ de la Côte d’Ivoire en les accompagnant dans leur réinsertion socio-professionnelle même si par moment tous leurs droits sont payés.
  • Pour une relance des activités économiques et la réduction du chômage, il est crucial d’entamer la réouverture et réhabilitation de certaines usines de la ville de Bouaké.

La mise en place d’outils de prévention et sensibilisation contre les risques d’accidents

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